RENCONTRE AVEC… Laura Pouzol, compétitrice de Reining !

Je m’appelle Laura Pouzol, j’ai 30 ans et j’habite à Mollégès, dans le sud de la France. Passionnée de Reining, je suis cavalière, propriétaire d’une écurie de pension pour chevaux, ainsi que masseuse équine et humaine. J’ai également créé un centre de balnéothérapie dédié au bien-être des chevaux.

⭐ Sensations⭐ Complicité ⭐ Respect ⭐

🐴 Ton parcours ?

J’ai commencé à monter à cheval à l’âge de 6 ans. C’est avec ma première coach, Céline Lasbleiz, monitrice dans mon écurie, que j’ai découvert le Reining.

Cette discipline m’a tout de suite attirée par la complexité et la finesse qu’elle demande.

Mon premier entraîneur a été John Navillod. Chaque étape de mon parcours a compté, et chaque entraineur ou coach que j’ai rencontré m’a beaucoup apporté à différentes périodes de ma vie.

Céline m’a initiée à l’équitation western dans son ensemble et m’a transmis la passion du Reining. John m’a ensuite enseigné toutes les bases techniques de la discipline, et c’est avec lui que j’ai participé à mes premiers shows.

Par la suite, j’ai continué à me perfectionner auprès de Jeffrey Touroute-Thomas, qui m’a aidée à affiner ma technique et à découvrir de nouveaux circuits de compétition, où j’ai pu évoluer jusqu’à mon plus haut niveau.

🏇 Tes débuts en concours ?

Mes premiers souvenirs de compétition remontent à quand j’étais toute petite, à peine 8 ans.
À l’époque, j’avais une jument Appaloosa, un matériel bien usé et nous étions loin d’être équipés comme aujourd’hui !

Les carrières n’étaient pas toujours adaptées à cette discipline — parfois même impraticables — et il n’y avait ni warm-up, ni sols spécifiques au Reining.

Une anecdote qui me fait toujours sourire : ma maman se cachait pour venir me voir en concours, car sinon, elle me stressait trop !

🤠 Tes motivations ?

Je monte mon cheval pour obtenir des résultats ! La compétition est importante pour moi, elle me permet de me dépasser et de me situer.

La passion coule dans mes veines — malgré les difficultés, mon corps et mon esprit me poussent à continuer, sans jamais douter.

Je peux aussi compter sur un entourage exceptionnel :

– un cheval incroyable, à la fois performant et équilibré,

– un mari qui partage ma passion et me soutient au quotidien,

– et des parents qui m’ont transmis cet amour des chevaux dès mon plus jeune âge et qui sont présents à chaque concours.

Mon coach occupe une grande place dans mes succès — je peux dire que je lui dois tout. Il m’a énormément appris, autant sur le plan technique que mental.

Avec les autres compétiteurs, c’est un mélange de complicité et de rivalité : certains sont de vrais amis, avec qui on se challenge en s’amusant, et d’autres sont des adversaires redoutables que je rêve de battre un jour. Ils me poussent à me dépasser et me donnent beaucoup d’objectifs personnels.

Pour progresser, j’ai dû faire des sacrifices : m’entraîner 5 jours sur 7, participer à des stages, et confier mon cheval un an et demi à l’entraînement. Le budget moyen pour concourir est d’environ 1 000 € par show. Je n’ai pas de sponsor — j’assume tous les frais moi-même.

Les High Points représentent pour moi un vrai challenge : j’adore ça ! Cela me donne un objectif clair, celui de gagner parmi les meilleurs cavaliers français. Le classement compte beaucoup pour moi : je vise toujours le top 3, et bien sûr, la victoire.

🏋️‍♂️ L’entraînement ?

Ma semaine type d’entraînement repose sur beaucoup de cardio et sur le travail d’une manœuvre par jour. Mes séances durent environ 40 minutes.

L’exercice technique que je travaille le plus est le stop, car c’est la manœuvre avec laquelle j’ai le plus de difficultés.

Je fais vérifier mon cheval par mon ostéopathe avant le début de la saison, puis une fois en cours d’année. J’en prends énormément soin pour éviter toute blessure : il vit en box-paddock, est ferré toutes les 6 semaines, et je le préserve lors de mes séances.

Après chaque entraînement, je lui prodigue beaucoup de soins : douche, spa, argile, pour favoriser la récupération.

Je ne suis pas de préparation physique particulière pour moi-même, mais je consulte mon ostéopathe quand j’en ressens le besoin.

Ma motivation, je la puise dans le soutien de mon mari Tony et dans l’objectif de chaque concours : il faut absolument que je me sente prête avant de partir !

Mes progrès au quotidien, je les mesure dans mon ressenti des manœuvres : quand je sens que j’évolue, c’est une vraie satisfaction. Et quand je sens que je stagne ou que je régresse, je n’hésite pas à demander conseil à mon coach.

Depuis que mon coach est parti s’installer aux États-Unis, je travaille seule avec mon mari.

J’aimerais vraiment retrouver un coach régulier, car c’est quelque chose de très important pour moi : cela me donne confiance, me motive et m’aide à continuer à progresser.

🐎 Le cheval de reining ?

Pour moi, la qualité essentielle d’un cheval de Reining, c’est son calme, associé à des allures souples et aériennes.

Le cheval qui m’a le plus marquée est Colonel Shining Gun, monté par Cira Baeck à Equita Lyon

La relation de confiance avec mon cheval repose avant tout sur le respect mutuel.

J’accorde une grande importance aux soins quotidiens : c’est pour moi quelque chose de primordial. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussée à faire des études de physiothérapeute et à créer un centre de balnéothérapie, afin d’offrir à mes chevaux le meilleur confort possible, surtout dans les exigences du haut niveau.

La plus grande difficulté, avec un cheval de haut niveau, c’est de rester constant dans le travail… et de ne jamais régresser.

⚡ Avant les concours ?

Je choisis mes shows en fonction du cheval que j’ai et des circuits que je souhaite faire avec lui, afin de donner le meilleur de nous-mêmes.

Pour un déplacement à l’étranger, je prépare tous les documents nécessaires, j’organise mon itinéraire avec des arrêts prévus dans des écuries pour que mon cheval puisse se reposer, et je privilégie toujours le trajet le plus court. Nous voyageons avec un camion poids lourd équipé d’un home-car, ce qui me permet de me reposer dès que j’en ressens le besoin.

La veille d’une compétition, je ne travaille aucune manœuvre : seulement une séance de cardio.

J’apprends mon pattern juste avant d’entrer en piste, pour être sûre de ne pas me tromper.

Pendant l’échauffement, je réveille mon cheval sur les différentes manœuvres pour le mettre à l’écoute et me rassurer avant d’entrer en piste. Selon le pattern, je travaille les manœuvres dans un ordre précis.

Avant d’entrer en piste, je reste dans ma bulle, très concentrée avec mon cheval. Je ne regarde plus rien autour, seulement entre ses deux oreilles. Je sens la pression monter, mais c’est une bonne pression — celle qui me stimule sans me faire perdre mes moyens.

🏇 Sur les concours ?

Je n’ai pas toujours la pression en concours, mais elle se fait sentir lors des grands événements. Dans ces moments-là, je me mets dans ma bulle : je ne parle à personne, je reste uniquement connectée à mon cheval et totalement concentrée.

Avant chaque pattern, je lui glisse toujours les mêmes mots : « On va y arriver ! ».

En piste, j’essaie de donner le meilleur de nous-mêmes, en restant attentive à ses réactions, concentrée et à l’écoute, pour rendre fiers mon coach, ma famille et tout mon entourage.

Pour moi, la réussite en compétition, c’est avant tout la remise en question permanente : analyser ce qui ne va pas, corriger ses faiblesses, conserver ce qui fonctionne, s’entraîner, et écouter les conseils de son coach et des professionnels qui nous entourent.

💭 Après les concours ?

Après chaque concours, je regarde mes vidéos pour analyser mes difficultés et comparer avec ce que j’ai ressenti en piste. Je prends aussi le temps d’étudier ma feuille de notes pour comprendre où je peux m’améliorer.

Quand un run se passe mal, je suis souvent très énervée. Je m’en veux beaucoup, car j’ai toujours tendance à penser que la faute vient de moi. Dans ces moments-là, je n’ai qu’une seule envie : repartir en piste pour faire mieux.

Une contre-performance est toujours difficile à encaisser. Je préfère alors faire une pause d’environ une semaine sans monter, le temps de redescendre la pression. Puis je me remotive, et je m’entraîne deux fois plus pour corriger mes erreurs et progresser.

Ce qui me redonne vraiment confiance après un échec, c’est quand le concours suivant se passe bien.

🔁 Les figures ?

Ce que j’aime le plus dans le Reining, c’est la finesse qu’il demande. Je m’efforce toujours de demander les manœuvres le plus discrètement possible, tout en cherchant à obtenir le maximum de mon cheval, pour offrir une belle exécution.

La figure que je trouve la plus difficile, c’est le stop.

Ma préférée, ce sont les cercles, et c’est aussi celle que je maîtrise le mieux.

Pour le spin, je le travaille d’abord sur un petit cercle en contre-incurvation, puis je le remets droit avant de lui demander de rentrer dans le spin. S’il en a besoin, je le décale légèrement avec ma jambe extérieure, et il doit accélérer à chaque claquement de langue. Je termine toujours en lui demandant un arrêt net.
Mon secret pour réussir un sliding stop, c’est d’avoir une ligne parfaitement droite : le cheval doit être rassemblé, droit, attentif, et passer les vitesses progressivement.

Dans les cercles, toute la précision vient de mes jambes : je tourne avec les jambes, la main reste posée, et mes transitions se font uniquement grâce à ma posture.

Et pour moi, il n’y a pas une figure en particulier qui montre qu’un cavalier est bon : c’est l’ensemble qui fait la différence.

🏆 Tes moments forts ?

Ma plus grande fierté, c’est d’avoir fait naître un cheval à la maison, de l’avoir ensuite confié à Jeffrey Touroute-Thomas pour l’entraînement… et d’avoir remporté de superbes concours avec lui.

Mon plus beau souvenir en compétition, c’est ma victoire aux Championnats de France avec ma jument Honny, à Paris.

Ma plus grande victoire, c’est celle des Championnats d’Europe à Givrins avec Tricky. Et la plus belle ambiance, sans hésiter, c’est celle des EAC à Givrins

Ma plus grande déception reste celle de l’Americana en Allemagne, et la compétition la plus difficile que j’ai vécue, c’est le Derby au Bo Ranch.

La plus grosse erreur que j’ai commise, c’est de me prendre un cône sur ma ligne de stop lors des Championnats d’Europe avec Honny, ce qui m’a fait perdre le podium.

L’expérience la plus surprenante que j’ai vécue en concours ? La neige qui tombait du toit des bâtiments pendant que je showais !

Et le run qui restera gravé dans ma mémoire, c’est celui du Derby au Bo Ranch avec Tricky — un moment intense, que je n’oublierai jamais.

💬 Tes conseils ?

La valeur essentielle dans ce sport, c’est avant tout le respect du cheval. Le meilleur conseil que je pourrais donner à un jeune qui débute en Reining, c’est d’essayer un cheval expérimenté, pour ressentir les vraies sensations de cette discipline.

À un cavalier stressé, je dirais de rester calme et concentré, pour ne pas transmettre son stress au cheval.
C’est la clé pour être juste et équilibré dans ses demandes.

J’aimerais que les spectateurs comprennent que notre relation avec le cheval repose sur un respect mutuel profond : nos chevaux sont dressés, pas soumis, et ils sont bien dans leur tête. Même si, avec tout notre équipement, nous pouvons parfois ressembler à des cowboys, notre priorité reste toujours leur bien-être.

Pour la génération future, j’aimerais qu’elle aime le cheval de Reining autant que moi. Le Quarter Horse est pour moi un cheval extraordinaire, à la fois par son mental, sa gentillesse, et sa performance. Ce sont des chevaux d’une vie, sécurisants, talentueux et d’une grande sensibilité.

Le Reining m’a permis de voyager à travers le monde — USA, Nouvelle-Calédonie, Australie, Italie, Suisse, Allemagne — et de vivre des émotions intenses. C’est une véritable passion, à laquelle j’ai donné tout ce que j’ai, et autour de laquelle j’ai construit ma vie. J’aime profondément les chevaux, et tout particulièrement le Quarter Horse. C’est pour moi un bonheur pur au quotidien. Merci à mon père de m’avoir fait découvrir cette race à laquelle je suis tant attachée. Et à tous ceux qui liront ces mots : croyez en vos rêves, donnez-vous les moyens d’y arriver… ça fonctionne !

🚀 Le futur ?

Pour la saison 2026, mes objectifs sont de participer aux Maturity du Bo Ranch avec mon cheval Tricky, ainsi qu’aux concours nationaux et régionaux.

Et si la saison se passe bien, j’aimerais retourner à Equita Lyon pour tenter une nouvelle belle performance. Mon rêve ultime en compétition, c’est de gagner et d’atteindre un jour le plus haut niveau, en Level 4 Non Pro au Derby d’Equita Lyon.

Je pense aussi déjà à la relève : soit en achetant un nouveau cheval, soit en mettant au travail l’une de mes jeunes pouliches issues de mon élevage.

✨ Merci à Laura pour ce témoignage sincère et passionné sur le Reining !

Pour la contacter :

👉 Chaque cavalier a ses petites habitudes : et vous, quels rituels ou soins privilégiez-vous pour le bien-être de vos chevaux ? ⬇️

Pierre Pelerin
Pierre Pelerin

Passionné d’équitation western, j’ai créé la page facebook EWF pour mettre en lumière les acteurs du monde western à travers des interviews et témoignages de compétiteurs, éleveurs, entraîneurs, organisateurs et passionnés de toutes les disciplines.

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