⭐ Finesse ⭐ Puissance ⭐ Elégance ⭐
🌾 Ton parcours ?
Je suis née dans le reining : mon père, Guy Duponchel, était déjà compétiteur et éleveur de chevaux américains. J’ai très vite pris goût à cette discipline.
Mes premiers concours remontent à l’an 2000, avec Top Olena Dream, un étalon Quarter Horse arrivé en France dans le ventre de sa mère depuis les États-Unis. C’est un cheval que mon père a fait naître, élevé et sorti en compétition avant moi. C’est lui qui m’a tout appris, mes premières expériences d’entraînement comme de compétition.
J’ai aussi beaucoup appris à l’étranger, en participant à des concours en Belgique et en Allemagne. J’ai débuté dans la catégorie Youth (moins de 18 ans), puis en Non Pro, avant de rapidement vouloir me mesurer aux entraîneurs dans la catégorie Open, la plus haute. Je voulais être la « petite jeune » qui ose se frotter aux pros !
Pour l’anecdote : à cette époque, j’étais encore amateur et je montais mon cheval, Top. Quelques semaines avant un concours, mon père s’était cassé des côtes et montait encore avec un bandage. Le jour du concours, juste avant d’entrer en piste, il m’a dit : “Non, je ne peux pas… ça me fait trop mal. Tiens, prends mes chevaux !”. Il avait alors deux autres étalons engagés dans la catégorie Open. Comme le règlement permet à un cavalier d’une catégorie inférieure de concourir dans une catégorie plus haute, même moi, en tant que Youth, j’avais le droit de participer. On a donc simplement changé le nom du cavalier, et me voilà engagée sur ses chevaux en Open pour la première fois ! Résultat : je termine 2e et 5e dès ma première participation ! Autant dire que j’ai un peu fait grincer des dents les entraîneurs, qui plaisantaient : “Ton père nous faisait déjà râler… et maintenant ta fille s’y met aussi !”. C’était dit dans la bonne humeur et la bienveillance, bien sûr — mais c’est resté un souvenir marquant, mes premiers vrais pas dans les Open !
Mon père a donc été mon premier mentor, mais j’ai ensuite été inspirée par beaucoup d’autres cavaliers. J’ai toujours eu une grande admiration pour Anne Fonck, cavalière belge de haut niveau encore actuellement, dont j’admire le style, la précision et la façon d’entraîner. Elle m’a vraiment donné envie de progresser, de briller et d’adopter cette approche fine et respectueuse du cheval. Je me souviens à l’époque où elle faisait monter son mari, qui est maintenant aussi un cavalier de très haut niveau mais qui à l’époque était amateur, et c’était sympa de les voir évoluer. Anne m’a donné l’envie de monter d’une certaine façon, d’entraîner d’une certaine façon, et de vouloir briller et faire comme elle. Il y en a eu d’autres, notamment belges et allemands, et il y en a encore beaucoup d’autres : on est toujours fan d’autres cavaliers !
Les difficultés que j’ai rencontrées au début, c’était surtout de me faire un nom, qu’on ne me voie pas seulement comme « la fille de… ». Je voulais prouver ma valeur, montrer que mes résultats ne venaient pas seulement du fait d’avoir une écurie derrière moi, mais d’un travail personnel, d’une véritable passion pour ce sport et d’un profond respect pour les chevaux, en particulier pour les Quarter Horses que j’adore.
Ma plus grande fierté, ce sont les résultats que mes chevaux me donnent et le lien unique que je crée avec eux, aussi bien à l’entraînement qu’en compétition. Voir que ma façon d’entraîner, fondée sur le bien-être et la confiance, porte ses fruits, c’est une immense satisfaction. Et ce que j’aime par-dessus tout, c’est constater que les chevaux que j’emmène en concours aiment entrer dans l’arène et faire le show, et donnent des résultats incroyables — c’est là que je me dis que tout le travail accompli en vaut la peine.
🎓 Ton rôle de coach ?
Ce qui me passionne le plus, c’est le partage de mon savoir, du cheval et du reining, pour que chacun puisse obtenir les meilleurs résultats possibles avec un cheval heureux d’être là, mentalement et physiquement à l’aise.
J’aime voir les cavaliers apprendre à utiliser au mieux leur cheval et ressentir ces sensations incroyables qu’on ne peut vivre qu’avec les chevaux de reining.
L’entraînement prend toute la place dans la progression d’un compétiteur. On ne pense qu’à ça : reining et entraînement. Quand on termine une séance avec un cheval, on pense déjà à la suivante, à ce qu’on pourra améliorer, à comment le faire progresser sur tel ou tel point. C’est un travail constant, une réflexion de chaque instant — on vit reining en permanence.
La différence majeure entre former un cavalier amateur et un cavalier pro, c’est avant tout l’objectif du travail. Former un cavalier amateur, c’est entraîner un cheval pour qu’il soit facile et agréable à monter, afin que son cavalier puisse progresser et mieux le comprendre. On cherche à rendre le cheval accessible, et le cavalier le plus clair et le plus juste possible dans ses demandes. Former un cavalier professionnel, c’est tout autre chose : il doit être capable de gérer des chevaux plus complexes, mais aussi de préparer et ajuster un cheval pour son propre cavalier. Un pro doit savoir reprendre, corriger et affiner un cheval pour que celui-ci soit ensuite utilisable par d’autres. Ce n’est pas du tout le même objectif, ni la même approche.
Pour être coach, entre la technique, le mental et le physique, tout compte pour obtenir des résultats. La partie technique, c’est de réussir à dresser des chevaux toujours meilleurs d’une année sur l’autre, en se formant auprès d’autres entraîneurs, en observant leurs séances, en testant différentes méthodes et en gardant ce qui fonctionne le mieux pour soi et pour ses chevaux. Pour le mental, il faut être posé, calme, mais avec de la rage intérieure — la force tranquille, en quelque sorte. Et pour le physique, en tant qu’entraîneur, on ne se pose même pas la question : quand on monte entre 5 et 12 chevaux par jour, on a forcément le corps prêt pour affronter une compétition de quatre minutes.
La différence entre entraîner pour gagner et entraîner pour progresser est assez subtile, car on entraîne toujours pour gagner lorsqu’on parle de compétition. La manière de travailler dépend surtout du cheval : avec les jeunes, on cherche avant tout à leur apprendre, à les muscler et à les assouplir, tandis qu’avec un cheval adulte, déjà formé et connaissant son métier, on fait davantage un travail de fond pour entretenir la forme et la concentration. C’est à ce moment-là qu’on peut vraiment entraîner pour gagner parce qu’ils connaissent le métier.
Le plaisir joue un rôle essentiel dans l’entraînement de haut niveau. Personnellement, j’adore la compétition : plus l’enjeu est grand, plus il y a de pression, et plus j’aime ça. C’est une bonne pression, celle qui pousse à se dépasser. J’aime ces moments où tout compte, où il ne faut pas se louper. C’est propre à chacun, mais pour moi, le plaisir, c’est justement de me confronter aux meilleurs et de me faire une place dans l’arène.
⚙️ Tes méthodes ?
J’adapte les méthodes selon l’âge et l’expérience du cavalier.
Avec les jeunes cavaliers, je privilégie des chevaux expérimentés, qui connaissent déjà bien le reining et maîtrisent toutes les manœuvres. Des chevaux qui connaissent déjà bien le métier. L’objectif est d’apprendre au cavalier à utiliser correctement son cheval, à guider à une main, à s’entraîner sur les manœuvres, à dessiner ses parcours et ses figures grâce à des cônes ou des barres au sol.
Avec un cavalier expérimenté ou un non pro de haut niveau, on se concentre davantage sur le travail du cheval, la qualité d’exécution, la précision des manœuvres et la recherche de performance en compétition pour aller chercher les points.
Les jours précédant une compétition, je travaille à peu près comme d’habitude, peut-être avec un peu plus d’intensité. En temps normal, je ne fais pas forcément toutes les manœuvres à chaque séance : on travaille souvent les cercles, les assouplissements, le galop à faux, les changements de pied, etc. Avant une échéance importante, je consacre environ une semaine à revoir toutes les manœuvres : cercles, ralentissements, spins et stops, histoire de remettre tout en place et d’arriver en piste avec un cheval prêt, à la fois physiquement et mentalement.
Pour gérer le stress des cavaliers avant un run, je leur dis toujours de se faire confiance et de faire confiance au travail accompli. Une fois qu’on est là, on ne peut plus rien changer : il faut accepter le moment présent. Si on est en piste, c’est qu’on en est capable. Et puis, quatre minutes dans une vie, c’est rien du tout — si ce n’est pas parfait cette fois, on fera mieux la prochaine. Avant qu’ils entrent dans l’arène, je leur rappelle simplement : fais-toi plaisir.
Après la sortie de piste, si on a la vidéo, on la regarde tout de suite avec le cavalier et on analyse manœuvre par manœuvre : ce qui va, ce qui ne va pas, ce qui est correct. S’il n’y a pas de vidéo, on débriefe immédiatement de la même façon, en passant chaque manœuvre en revue, puis on évalue le parcours dans son ensemble. L’objectif est d’identifier précisément les points de difficulté (ou les points forts) et de définir quoi faire la prochaine fois pour corriger, affiner et améliorer la performance.
Pour moi, il n’y a jamais d’échecs — seulement de nouvelles expériences. Chaque run, chaque entraînement, même quand ça ne se passe pas comme prévu, permet d’apprendre quelque chose, de comprendre un peu mieux son cheval et de progresser pour la suite.
La clé d’un run réussi, c’est difficile à définir, car elle dépend de beaucoup de choses. Il faut un cheval puissant, fort, à l’écoute et surtout qui aime être dans l’arène — pour moi, c’est essentiel. Ensuite, il faut avoir confiance en soi, avoir confiance en son cheval, et savoir gérer l’intensité du run.
🌀 Focus sur les manœuvres ?
Je dirais que la manœuvre la plus difficile, c’est le stop. Parce que le stop, ce n’est pas juste l’arrêt : c’est toute la préparation avant, la montée au stop. Il faut une ligne droite au galop, avec une vitesse qui augmente progressivement, tout en gardant le contrôle. Le cheval doit attaquer avec énergie, et le cavalier doit demander le stop au bon moment. Trouver ce timing parfait, ce n’est pas toujours évident pour les cavaliers.
On peut aider les cavaliers en leur donnant des repères rythmiques pour ressentir la cadence du galop. J’aime utiliser une image sonore : “taga, taga, taga, taga, whoop !”
Pour s’entrainer pour les cercles, on utilise souvent des cônes comme repères. Dans un manège de reining, il y a déjà six cônes, trois de chaque côté, dont un au centre qui marque le milieu des cercles. En plus de ça, je place parfois des couloirs de cônes : en général trois, sur les côtés, et un autre couloir pour le petit cercle.
J’ajoute aussi des barres au centre pour former ce qu’on appelle la boîte — c’est la zone où tout se passe : là où on s’arrête, où on change de pied, où tout doit être droit et contrôlé.
C’est cet alignement, cette précision, qui permet d’obtenir de belles lignes, un bon dessin — et le dessin du parcours, c’est l’une des choses les plus importantes en reining.
Pour les spins, c’est difficile de donner une réponse technique précise, car tout dépend du problème rencontré — qu’il vienne du cavalier ou du cheval, la correction sera forcément différente.
En revanche, pour éviter d’avoir le tournis, il y a une astuce simple : fixer un point devant soi et garder ce repère tout au long du spin, sans suivre les images qui défilent autour.
🕐 L’organisation ?
Une journée type pour un entraîneur de reining, pour moi, c’est assez simple : une fois mon fils déposé à l’école vers 8h30, je commence avec mon premier cheval. Je le prépare, je selle, je fais ma séance, puis je déselle, je le douche et je le ramène à son box avant d’enchaîner avec le suivant. La matinée se déroule ainsi, cheval après cheval, jusqu’à la pause de midi.
On prend un peu de temps pour un sandwich, puis on repart pour terminer la liste de chevaux à travailler.
En parallèle, il faut aussi gérer l’écurie : nourrir, sortir les chevaux au paddock, s’occuper des poulains et aller voir les poulinières. C’est une journée bien remplie — on monte et on descend des chevaux du matin au soir, mais c’est la vie qu’on aime.
💫 Ta philosophie ?
Je n’ai pas vraiment connu de gros échecs, mais la compétition en elle-même est une école qui apprend énormément.
Ce qui me motive au quotidien, c’est avant tout le contact avec les chevaux et l’amour du reining. C’est cette envie constante de progresser un peu plus chaque jour, de toujours essayer de faire mieux. Et puis il y a la satisfaction en compétition, quand on se dit que tout le travail fourni, toutes ces heures passées à répéter les manœuvres et à travailler le mental des chevaux, portent enfin leurs fruits.
J’éprouve aussi une grande fierté à emmener en compétition des chevaux que j’ai moi-même élevés, faits naître, dressés et formés. Certains ont eu de très longues carrières, et les voir évoluer ainsi, c’est l’une de mes plus belles réussites.
🌱 Tes conseils pour débuter ?
Il n’y a pas vraiment d’âge pour commencer. Quand un enfant est petit, c’est très bien qu’il fasse du poney club, qu’il soit en classique ou en western, peu importe, du moment qu’il apprend à monter, à trouver son assiette et à ne pas avoir peur.
Une fois qu’il maîtrise les bases, qu’il contrôle son cheval et qu’il aime ça, alors c’est le bon moment pour se lancer dans le reining.
Les erreurs les plus fréquentes chez les jeunes cavaliers viennent souvent du stress et de la comparaison avec les autres. Un bon cavalier de reining doit avant tout avoir un mental de compétiteur, solide mais toujours maîtrisé. Il faut savoir garder le contrôle, même sous la pression, et faire un peu le show — mais de façon intelligente.
Pour progresser rapidement, il faut pratiquer beaucoup, avoir des parents qui soutiennent, un cheval avec un bon mental, et surtout, rester humble.
Il faut garder en tête qu’il existe de nombreuses catégories en compétition : jeunes cavaliers, débutants, amateurs, non-pro, open… Chacun y concourt avec des cavaliers de niveau similaire, ce qui permet de progresser sereinement et d’évoluer à son propre rythme, sans se décourager.
Mon message pour la nouvelle génération : Donnez-vous les moyens de réussir, pratiquez, comprenez et aimez le cheval avant la compétition. Remettez-vous toujours en question, restez dans le respect et le bien-être animal, et souvenez-vous que tous les chevaux ne sont pas faits pour la compétition.
✨ Merci à Marc pour le partage de son expérience sur le reining ! ✨
Pour la contacter :
Laura Duponchel
Quarter Horse Dream
Centre équestre western, cours tous niveaux tous chevaux, stages, pensions, vente et valorisation de chevaux, débourrage, entraînement loisirs et compet
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