⭐ Plaisir ⭐ Jeu ⭐ Adrénaline ⭐
Je m’appelle Mathilde, j’ai 28 ans et j’habite en Haute-Savoie. Je suis originaire de Normandie, où j’ai grandi et où tout à commencer pour moi en équitation.
🐎 Ton parcours ?
J’ai commencé à poney étant enfant, puis j’ai découvert l’Equitation Western à l’âge de 10-11 ans au Quarter Horse Dream.
J’ai continué dans la direction du reining avec l’acquisition grâce à mes parents d’une jument Quarter Horse que j’ai toujours. Nous avons fait ensemble quelques années de concours novices et amateurs et avons remporté une médaille d’or au Championnat de France FFE Amateur en 2017, au Petit Far West.
Par la suite, j’ai suspendu un peu les concours et les entrainements pour finir mes études et commencer mon métier d’enseignante, qui m’a amené ensuite à déménager en Haute-Savoie en 2021
⚡ Tes débuts en ranch sorting ?
J’ai découvert le ranch sorting grâce à mon compagnon, qui pratiquait déjà cette discipline depuis plusieurs années. J’ai tout de suite eu envie d’essayer sur son cheval, qui avait un bon niveau de dressage et qui a pu m’apporter les premières sensations face au bétail.
J’ai toujours été attirée par les disciplines de bétail, surtout avec des vidéos que je voyais de cutting ou working-cow aux Etats-Unis avec des chevaux magnifiques et des manœuvres spectaculaires. J’aime beaucoup le style qu’ont les chevaux de bétails. J’aime le côté ludique du hasard dans le ranch sorting et du partage des tâches en équipe. La convivialité et l’ambiance des concours est aussi un gros point fort. Je garde évidemment une place dans mon cœur pour le reining et ma première jument Chic in Babe qui m’a beaucoup appris, mais je dois dire que le travail du bétail c’est complètement autre chose.
Je fais du ranch sorting en compétition « sérieusement » depuis environ deux ans. J’ai commencé occasionnellement pour m’amuser et suivre mon compagnon, mais j’ai rapidement eu envie d’acheter un cheval avec de bonnes aptitudes de bétail pour aller jouer avec les autres. Il a donc fallu chercher un cheval et apprendre avec avant de se lancer à fond dans les concours.
Mon tout premier go de ranch sorting était avec Joe Coy Star, l’étalon de mon compagnon, aujourd’hui à la retraite. Il a été d’une grande patience et gentillesse avec moi car je devais probablement être beaucoup moins alerte qu’il en avait l’habitude. Pour une initiation, c’était top d’avoir un cheval très froid et bien à sa place face aux vaches.
Ma toute première fois en finale a été possible grâce à Camille Baron, une amie qui m’a prêté sa jument que je qualifierai simplement de machine de guerre, un mental d’acier et des performances extras. Comme je n’avais pas encore de cheval pour cette discipline mais que je participais occasionnellement à des concours, elle me l’a prêté pour faire une équipe qui est allée en finale. J’étais très impressionnée du comportement de la jument, qui « savait tout faire ». Je me suis dit que c’est exactement ce que je voulais atteindre avec mon propre cheval de bétail.
Faire connaissance avec ma nouvelle jument, Kitty Hickory Rey, a été assez perturbant. J’avais mes habitudes et des réflexes de reining sur mon ancienne jument. J’ai dû apprendre de nouvelles techniques et une approche différente qui inclut le bétail, ce que je ne connaissais pas avant. Le tempérament d’un cheval de bétail est très différent de celui d’un cheval de reining. J’ai eu l’impression de devoir reprendre plein de chose à zéro le temps de m’adapter au dressage pointilleux de la jument qui vient d’Italie.
Mais je dirais que ma plus grande fierté, c’est la progression que j’ai pu faire avec elle cette année. Nous remportons le championnat AFET Intermediate 2025 et j’en suis très contente. J’ai dû beaucoup me remettre en question sur ma technique avec cette discipline et ce nouveau cheval, et d’un coup, le travail a commencé à payer et les résultats sont tombés. J’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres.
🏋️♂️ L’entraînement ?
Le fait d’avoir les chevaux à la maison me permet de monter régulièrement et d’entretenir le physique et les performances de mon cheval. Le fait d’aller voir d’autres concours ou de faire des stages m’aide à rester motivée. Je voyage souvent aux Etats-Unis et la qualité des chevaux et des compétitions là-bas redonne un bon élan de motivation quand on rentre.
Je m’entraine plusieurs fois par semaine en carrière à la maison et je varie mes exercices. J’ai quelques rituels mais j’essaie de varier les séances pour le mental du cheval.
Une grande partie du travail se fait sans vache et porte sur la gymnastique qu’on demande au cheval. C’est ce qui lui permettra d’être efficace dans le bétail. Evidemment c’est encore mieux de travailler les manœuvres sur les vaches lorsqu’on en a à disposition.
Je n’ai pas de bétail à la maison mais je travaille beaucoup ma technique en carrière et sur le « pro cutter », ou « flag ». C’est une machine utilisée en cutting ou working cow pour simuler les déplacements d’une vache et apprendre au cheval à bien se placer. C’est une partie importante du travail mais cela ne fait pas tout.
Je travaille seule avec mon cheval mais nous partageons régulièrement nos séances avec mon compagnon. Cela permet d’avoir un regard extérieur sur ce qu’on fait.
Au-delà du ranch sorting, j’aime beaucoup le travail au sol et je pense que c’est essentiel pour bien connaitre son cheval et construire un bon relationnel. Parfois on cherche un peu loin, ou à pousser les techniques, mais des bases solides et une éducation de qualité sur le cheval sont indéniables pour progresser.
Pour performer à haut niveau, comme beaucoup le savent, c’est un sport qui coûte. Et encore plus si on est propriétaire de chevaux. Il faut aussi être prêt à passer de longues heures à cheval, apprendre, échouer, recommencer. Mais cela est valable pour beaucoup de sports et pour toutes les disciplines équestres.
🎓 Tes inspirations ?
En France, selon les régions, il n’est pas facile de trouver un entraîneur spécialisé dans le ranch sorting, mais il y a des entraineurs orientés bétail (cutting, cow-horse, …) avec qui on peut faire des stages occasionnels ou réguliers.
Il faut des chevaux avec un bon sens du bétail et de bons réflexes. Cela se travaille par des manœuvres de cutting et puis beaucoup d’entrainement en condition « ranch sorting ». Je dirais donc qu’il faut d’abord s’initier au contact du bétail avec des professionnels ou des encadrants expérimentés pour ensuite avoir de bons réflexes lorsqu’il faut mettre de la vitesse.
Il y a aussi une grande entraide entre les cavaliers de ranch sorting, on peut donc beaucoup apprendre des autres et échanger des conseils. Beaucoup de cavaliers expérimentés aident et encouragent les novices sur les concours.
Il y a plusieurs cavaliers qui m’inspirent particulièrement, mais je ne voudrais pas faire de jaloux ! Cependant, c’est une chance de partager cela à la maison avec mon chéri et d’avoir ses conseils techniques. Son expérience m’a été utile pour mieux comprendre mon rôle et le rôle de mon cheval dans les vaches.
Il y a de très bons cavaliers « ranch sorters » en Europe, mais l’excellent niveau des USA reste remarquable. J’adore regarder le working-cow là-bas et le style de certains me fascine, comme Erin Taormino ou Clayton Edsall.
🐴 Le cheval idéal ?
Le ranch sorting par son côté ludique pourrait être accessible avec n’importe quel cheval. Le tout est de l’initier d’abord au bétail correctement et dans le calme.
Pour ma part, j’adore le quarter horse pour toutes ses qualités et je ne me vois pas vraiment continuer l’équitation western sans ce cheval qui a toutes les aptitudes de la discipline cible.
Avec mon cheval, après une première année difficile le temps de faire connaissance et de me familiariser avec les particularités de la discipline, je commence à être beaucoup plus à l’aise et à bien le connaitre. J’ai fait des stages et me suis faite conseillée, ce qui est intéressant pour s’inspirer de plusieurs techniques et de tester ensuite chez soi ce qui marche le mieux.
Il y a parfois des périodes un peu plus difficiles ou des moments où les séances se passent moins bien, mais il faut toujours persévérer et faire preuve de patience. Le travail finit toujours par payer peu importent les résultats. Il ne s’agit pas que de gagner des concours, il faut aussi ressentir la progression et les différentes étapes franchies avec le cheval.
Parfois ce n’est que des petits détails, ou un mouvement sur lequel le cheval progresse, mais chaque petit pas fait avance le trajet.
🎯 Avant les concours ?
Je n’ai pas de rituel spécifique avant d’entrer en piste. Je passe beaucoup de temps en warm-up, à marcher ou trotter mon cheval pour le garder concentré. J’essaie de sentir quand la connexion est bonne.
A l’inverse je sais déjà avant de rentrer dans un go si mon cheval n’est pas prêt à travailler correctement et si je n’ai pas passé assez de temps à détendre.
En ranch sorting, il y a beaucoup d’équipes par concours, et en faisant plusieurs équipes avec différents cavaliers, il arrive qu’il y ait de longs temps de pause entre les passages. J’en profite pour laisse mon cheval marcher, boire ou souffler. Et pour moi… C’est pareil.
🏆 Sur les concours ?
Au tout début, je trouvais ça très dur car je manquais de technique et d’expérience dans cette discipline, et j’avais peur que ça aille trop vite pour moi sans avoir le temps de mettre en place mes réflexes techniques. Puis, à force, les techniques viennent plus naturellement et on peut augmenter de plus en plus la vitesse d’exécution.
N’étant pas une cavalière professionnelle, je pense qu’il est toujours très important de se faire plaisir dans ce qu’on fait à cheval sinon il n’y a pas d’intérêt à passer autant de temps de son temps libre à s’entraîner et à construire un lien avec son cheval. En revanche j’aime aussi beaucoup l’esprit de compétition et les challenges que cela m’apporte. Cela me permet de voir ce que j’ai réussi à mettre en place dans mon travail au quotidien à la maison, et ce que j’ai encore à travailler pour m’améliorer. Il faut une bonne détermination et un bon mental pour pouvoir exécuter de bonnes performances.
Rester concentrée tout au long d’une journée de compétition, ce n’est pas simple. Les temps de pause entre chaque équipe permettent de se reposer un peu, mais il faut quand même rester alerte et efficace sur chaque go, peu importe le moment de la journée. En fin de journée, après plusieurs passages la fatigue se fait sentir.
Cependant, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. La vitesse est un élément majeur pour une bonne performance, mais précipiter des manœuvres et bâcler le travail mène souvent à une disqualification. Le manque de communication entre cavaliers est aussi à éviter. Il est autorisé de se parler entre coéquipiers et de se donner des indications qui peuvent parfois aider son partenaire.
Ce que je ressens quand la cloche sonne dépend de la façon dont s’est déroulé le go. Parfois c’est un soulagement, par exemple si toutes les vaches sont rentrées avec un bon temps, on sait qu’on peut être assez confiant pour une place en finale.
J’aime bien regarder des vidéos des runs pour comprendre d’où viennent les erreurs et pouvoir retravailler par la suite. J’aime aussi recevoir des conseils de personnes expérimentées autour de moi. Je suis toujours très déçu quand ça ne marche pas mais cela m’apporte aussi beaucoup de motivation à persévérer encore plus pour y arriver.
❌ Les erreurs ?
Il ne faut surtout pas céder à la frustration face à une situation qu’on ne gère pas. C’est toujours plus facile à dire qu’à faire mais il ne faut pas tomber dans ce piège, et se dire qu’on fera mieux la prochaine fois. Rater des go de ranch sorting fait obligatoirement partie de l’apprentissage. C’est une étape par laquelle tout le monde passe et qui se produit aussi fréquemment chez les plus expérimentés.
La pire des choses à faire serait de vouloir punir ou corriger son cheval sur une manœuvre ratée. J’essaie vraiment de relâcher la pression et ressortir des ronds le plus calmement possible.
Avec la vitesse et le facteur chance de la disposition des vaches il arrive qu’un cheval extrêmement habile et bien aux ordres n’arrive pas à bloquer une vache pour x raisons. Il ne pourra donc pas comprendre la correction infligée puisque la situation en question est déjà terminée en une fraction de seconde. Dans ces cas-là il s’agira de re travailler certaines manœuvres à un autre moment.
Evidemment, je m’en veux beaucoup lorsqu’une équipe est disqualifiée par ma faute, mais comme il y a beaucoup d’affinité et un bon esprit avec mes coéquipiers habituels, on échange tout de suite sur nos résultats, et le fait d’en parler nous fait oublier un peu la déception. Selon le concours ou les gains en jeu parfois la déception est un peu plus amère.
👥 Les coéquipiers ?
En général le choix des équipes se fait par affinité avec des personnes qu’on connait, des amis ou des habitués. On peut aussi faire des demandes d’équipe au moment des inscriptions au concours, et on voit la liste des personnes qui recherchent des coéquipiers.
Parfois il arrive de tomber au hasard avec une personne qu’on ne connait pas lors d’une épreuve qui s’appelle le « melting pot ». On sait qu’on le fait pour le fun, et parfois c’est surprenant de faire une superbe performance avec quelqu’un qu’on ne connaissait pas. Cela peut créer de nouveaux liens pour de futures équipes.
Il est vraiment important de garder un esprit convivial et sympathique entre coéquipiers. On est tous là pour le plaisir avant tout, alors je trouve qu’il n’y a aucun intérêt à se hurler dessus à la moindre erreur. Je comprends qu’on se prenne au jeu et qu’on soit compétitif, mais il y a aussi le respect de chacun, de ses montures et de la bonne ambiance de concours.
En général, les coéquipiers débriefent tout de suite après leur passage. Cela permet aussi d’aider à améliorer sa technique ou son placement. Dans certains cas, on se mord les doigts d’avoir refait une erreur déjà faite auparavant. Dans d’autres cas, on se saute dans les bras par joie d’avoir gagné ensemble ou d’avoir fait un temps record.
Parfois il y a des équipes qu’on adore faire par affinité avec l’autre personne même si on sait que ça ne marche jamais. Il y a aussi la pression de faire équipe en couple, car on veut bien faire et essayer de gagner à deux.
J’ai rencontré beaucoup de personnes extras depuis que je fréquente le milieu du ranch sorting. Le fait de concourir en équipe crée une bonne cohésion entre tout le monde. On se charrie sur nos erreurs et on passe de très bons moments.
💫 Tes moments forts ?
Je n’ai pas encore eu la chance de faire des résultats sur de très grosses compétitions de Ranch Sorting, mais chaque année je participe à des grands évènements, comme les Authentics Cowboys à Randals Bison qui rassemble des centaines de cavaliers d’Europe, ainsi que la Masseria Cup à Notaresco en Italie. Le show d’Equita Lyon est aussi une très belle compétition, et en plus sur un salon, donc encore plus impressionnant en tant que compétiteur ou organisateur.
La saison AFET 2025 est maintenant terminée et on peut dire que mes objectifs sont plus qu’atteint avec la première et la deuxième place du championnat Intermediate. J’espère faire aussi bien en 2026 jusqu’à la compétition d’Equita Lyon.
Mon plus grand rêve de cavalière western était de pouvoir aller concourir un jour aux Etats-Unis. Et nous approchons à grand pas du but ! Nous allons clôturer notre année 2025 de Ranch Sorting avec une grande compétition RSNC USA qui aura lieu à Las Vegas fin novembre. Cela va être une belle expérience pour moi au vu du niveau excellent qu’il y a là-bas et de l’ampleur de la compétition.
🐮 Le ranch sorting ?
Le ranch sorting a un esprit familial et convivial. Je participe à tous les concours du circuit AFET, et il y a vraiment une bonne ambiance. On tisse des liens très fort avec les personnes qu’on voit sur les concours, certains deviennent des amis pour la vie. On aime l’esprit sérieux de la compétition et le bon déroulement de celle-ci, et puis le soir on aime aussi le côté festif autour de bons repas et de soirées dansantes.
Ce que j’aime en premier lieu dans le ranch sorting, je dirais les sensations du travail sur le bétail, et les manœuvres puissantes qu’exécutent un cheval pour conduire sa vache. Puis bien-sûr, il y a le côté fun qui est aussi important et qui motive beaucoup. J’aime beaucoup pouvoir appliquer une technique et avoir un rendu fluide et propre dans le go de ranch sorting, ce qui n’est pas facile car le facteur vitesse peut parfois venir négliger la propreté du travail.
Cette discipline est en bonne progression, il y a de plus en plus de concours accessible pour tous les niveaux, et il y a de plus en plus de monde sur les gros shows, ce qui permet de rencontrer parfois des personnes qui viennent depuis l’autre bout de la France.
Je trouve qu’il manque encore un peu d’opportunités de stages de perfectionnement. Bien entendu, ce n’est pas simple à organiser, et en plus il y a le bétail qui est important, qui a un coût et pas forcément à disposition de tout le monde pour s’entraîner. Il y a des régions encore un peu désertes pour trouver des lieux ou s’entrainer avec le bétail, ou obtenir de bonnes aides techniques de ranch sorting.
💬Un conseil ?
Je pense qu’il faut essayer car c’est vraiment fun.
En revanche il ne faut pas croire que c’est simple, même si ça en a l’air. Il ne faut pas non plus négliger les bases académiques qui évitent parfois les gestes qui partent dans tous les sens. Il faut bien commencer quelque part, mais à mon avis c’est mieux d’apprendre d’abord en dehors du chrono de ranch sorting si on vise des concours réguliers et des objectifs de progression.
Bien sûr il est possible de s’initier au ranch sorting pour s’amuser sans objectifs précis.
✨ Merci à Mathilde pour son témoignage passionnant sur sa pratique de cette discipline ! ✨
Pour la contacter :
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