⭐ Liberté ⭐ Cowboy ⭐ Adrénaline ⭐
🚀 Ton parcours ?
Au départ, je montais en classique, mais j’ai dû le laisser de côté : le western était plus adapté à mon handicap. Cela ne m’empêche pas de continuer le saut d’obstacles, le dressage, etc., d’ailleurs toujours avec le même cheval. Cela prouve qu’un cheval bien travaillé peut tout faire.
J’ai découvert la monte américaine en organisant la fête du cheval dans ma ville, Roanne (dans la Loire) : nous réunissions les clubs pour des spectacles, et le président de l’époque, passionné de western, avait décidé d’inviter des cavaliers de monte américaine. Je me suis alors rapprochée des disciplines western (tri de bétail, barrel, pole bending…) et j’ai fait connaissance avec des cowboys.
L’un d’eux m’a prêté son cheval : malgré mon handicap, j’ai pu monter, et je m’en sortais plutôt bien. C’est ainsi que j’ai commencé.
Très vite, j’ai choisi le barrel racing. J’aime l’adrénaline, la vitesse, les sensations fortes. Le barrel m’a tout de suite séduite !
Derrière une apparente simplicité – tourner autour de trois bidons – il y a un vrai travail de fond sur la souplesse, la précision, la maniabilité…
🏆 Tes réussites et objectifs ?
J’ai été notamment victorieuse de la manche Equita Lyon de la Coupe d’Europe 2024, j’ai remporté la Finale NBHA France 2024 en Senior et la Coupe de France 2024 en Open. J’ai été qualifiée pour les mondiaux en Georgie (Etats-Unis).
Même si je concours face à d’autres cavaliers, et face à des professionnels, je reste avant tout une amatrice passionnée.
Mon objectif pour les prochaines années est de rester au niveau : après deux à trois années riches en réussites, je sais qu’il faut toujours se battre et ne jamais se reposer sur ses acquis.
Je cherche aussi à réussir pour le public et pour mes sponsors : sans eux, rien ne serait possible. Pas de sponsors, pas de compétitions ; pas de public, pas d’équitation western.
💡 Les qualités nécessaires ?
Un bon cavalier doit avant tout avoir du sang-froid, être en bonne condition physique (gainage, équilibre) et savoir se remettre en question. Quand on rate, il faut analyser ses erreurs et travailler dessus. Même après une victoire, je revois toujours mes vidéos pour voir ce qui peut être amélioré. Rien n’est jamais acquis.
Je suis convaincue qu’à part en cas de problème de santé, tout cheval peut donner des résultats s’il est respecté et bien entraîné. Chaque cheval a des qualités : puissance, souplesse, envie. Un quarter horse, par exemple, aime naturellement courir : c’est dans sa nature.
J’ai acheté mon cheval, Dodge Leo Cody tout juste sorti de débourrage, et issu d’une lignée de bétail. Il avait de bonnes aptitudes en déplacements latéraux et appuyés, mais j’ai dû lui apprendre à allonger l’allure, et surtout à prendre plaisir dans l’effort. Aujourd’hui, il a de très bons résultats.
Pour moi, il est essentiel de former soi-même son cheval. En France, encore trop peu de cavaliers prennent le temps de le faire, alors que c’est ce qui apporte la plus belle des récompenses.
🎓 Tes conseils pour débuter ?
Pour débuter en barrel racing, il est important de respecter la croissance du cheval et de ne pas chercher à aller trop vite au départ.
Les premières étapes doivent se concentrer sur la souplesse, les trajectoires et le calme : le cheval doit rester détendu, comprendre ce qu’on attend de lui et assimiler ses déplacements avec précision.
Les exercices de maniabilité, d’incurvations et d’assouplissement aident à construire une base solide et à développer sa condition physique.
La vitesse ne doit être introduite qu’une fois que le cheval est bien équilibré, confiant et capable de réaliser ses parcours avec fluidité.
👀 L’image du barrel racing ?
Le barrel racing reste encore peu médiatisé en France, contrairement au reining ou à d’autres disciplines équestres.
Pour mieux faire connaître ce sport, il serait important de multiplier les publications et les reportages télévisés.
J’ai moi-même été filmée pour un reportage de Sport Loire, diffusé localement, afin de présenter la discipline. Récemment, un reportage de 66 Minutes sur M6 a été diffusé pour présenter un couple de cowboys, avec des images d’Equiblues. Le barrel y a été mentionné, même si l’émission n’était pas centrée sur cette discipline.
Pour ma part, je veille toujours à donner une bonne image du barrel racing : tenue impeccable et cheval soigné sont essentiels : c’est une question de respect du public, pour montrer le professionnalisme et la passion qui animent ce sport.
👩🌾 La place des femmes ?
À l’origine, aux États-Unis, les femmes regardaient leurs maris participer aux rodéos. Elles ont créé le barrel racing pour pouvoir avoir leurs propres compétitions.
Aujourd’hui, la discipline est l’un des rares sports 100 % mixtes. En France, après des débuts plutôt équilibrés, on compte désormais plus de femmes que d’hommes en barrel racing.
🤝 La NBHA ? La FFE ?
La FFE tente de développer le barrel racing, mais la plupart des clubs restent attachés à leurs disciplines traditionnelles comme le CSO ou le dressage.
Peu de clubs investissent dans du matériel western (notamment les selles, qui représentent un investissement important) pour quelques cavaliers qui voudraient se lancer dans ces disciplines. On entend d’ailleurs parfois encore en équitation classique : « Ne monte pas comme un cow-boy ! ».
La NBHA, quant à elle, a connu une ancienne gestion problématique, notamment à cause de l’ancien dirigeant, avec des intérêts personnels qui pouvaient passer avant ceux de l’association,.
Aujourd’hui, Mathieu Lajoux, le président actuel, a repris l’organisation avec courage. Même s’il vit maintenant en Italie, il reste disponible pour les cavaliers.
Petit bémol : malheureusement, pour les championnats du monde, j’ai dû me débrouiller seule pour l’inscription, aidée seulement par une amie américaine pour l’inscription. C’est dommage que les cavaliers français, qui représentent leur pays, doivent gérer eux-mêmes la logistique, l’inscription et l’hébergement, surtout lorsqu’ils découvrent ces compétitions internationales pour la première fois.
🌍 La place de la France ?
La France est bien représentée. Cependant, concourir à l’étranger représente un cout financier non négligeable. Avant de penser à l’international, il est important de développer encore plus le barrel racing en France
Je participe également à des compétitions en Italie. On compte régulièrement entre 50 et 100 concurrents par compétition, ce qui rend les performances beaucoup plus intéressantes et valorisantes.
Je choisis les endroits où je vais, qui me connaissent et prennent en compte mon handicap pour mettre en place des aménagements pour faciliter ma participation, comme me placer près du box.
La France peut retourner au niveau de l’Italie, si on s’aide tous entre nous pour valoriser cette discipline : nous avons les chevaux, et le potentiel !
En comparaison, certaines compétitions françaises sont moins attractives : par exemple, je n’ai pas pu participer à la Coupe de France, qui avait lieu à Toulon, trop éloignée géographiquement. Cette compétition n’a compté que peu de participants, ce qui limite la valeur du classement.
En France, les événements les plus marquants restent Equiblues et Equita Lyon, qui offrent de belles infrastructures et une organisation de qualité.
⚖️ Ton point de vue sur les critiques ?
Je regrette que certains mors utilisés soient si durs ; à mon avis, cela devrait être mieux réglementé. Un bon cavalier de barrel a avec un contact minimal sur les rênes. J’utilise personnellement un mors tout simple à double brisure avec des branches (pour une action rapide et douce).
En western, les éperons à molette « roulent » sur le cheval et sont beaucoup moins agressifs que certains éperons classiques qui peuvent blesser.
Après chaque parcours, la commissure des lèvres et les flancs du cheval sont systématiquement inspectés : la moindre blessure entraîne l’élimination immédiate. De plus, aucun cheval n’utilise de protections sur le ventre (bandeaux), contrairement à d’autres disciplines où elles servent parfois à masquer des blessures.
😅 Ta gestion du stress ?
Avant la compétition, je me prépare physiquement en réalisant des étirements par rapport à ma pathologie. Puis je me mets dans ma bulle et je me concentre uniquement sur mon cheval.
Par contre, une fois le parcours terminé, je prends plaisir à aller discuter avec le public, faire monter des enfants sur mon cheval pour des photos et partager ma passion. Le public est essentiel : sans lui, il n’y aurait ni spectacle, ni barrel racing.
💖 Ton handicap ?
Je suis atteinte de problèmes articulaires et sensitifs, ce qui m’handicape fortement pour marcher. Quand j’ai acheté mon cheval, j’étais en fauteuil roulant, et j’ai commencé les compétitions dans ces conditions.
Je suis toujours accompagnée pour seller mon cheval et m’assister, car je ne tiens pas longtemps sur mes jambes. Pour travailler, j’utilise parfois un stick qui remplace mes jambes.
L’équitation me permet de ne plus être en fauteuil. Être sur mon cheval me permet de me sentir pleinement comme tout le monde, avec une véritable sensation de liberté !
✈️ Les mondiaux ?
Cette année, je vais participer aux Mondiaux en Géorgie aux usa.
Certains cavaliers y vont avec leur propre cheval, mais cela coûte très cher. Pour ma part, je monterai un cheval de 2ᵉ / 3e division, car les chevaux de 1ʳᵉ division sont inaccessibles financièrement pour moi. Je n’aurai qu’une heure par jour pendant cinq jours pour créer un lien avec lui, ce qui est très court.
Le ranch qui va me fournir mon cheval a l’habitude de travailler avec des Français et gérer ce type de situation, mais il faudra que je passe du temps pour m’adapter et établir une relation avec mon cheval, ce qui est très important pour moi.
Les dépenses sont importantes et il y a beaucoup de pression : une erreur ou un détail manqué par méconnaissance pourrait compromettre ma compétition, et je serais très déçue.
🎉 Ton meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir reste la manche de la Coupe d’Europe à Equita en 2024, que j’ai remportée.
Cette année-là avait été particulièrement difficile avec plusieurs rechutes de ma maladie, m’obligeant à abandonner plusieurs compétitions, dont les Equiblues, malgré avoir effectué le meilleur chrono de la compétition. Malgré ces difficultés, j’ai pu remporter plusieurs victoires prestigieuses, dont celle d’Equita Lyon.
J’étais également très fière de représenter mes sponsors, nombreux à être présents à Equita pour me soutenir.
Cette année, Equiblues a été un événement exceptionnel grâce à l’organisation d’Enzo et Carla Ferretti (3F events), qui ont préparé une carrière incroyable et ont mené le festival d’une main de maître malgré leur reprise du festival au pied levé !
✨ Un grand merci à Valérie pour le partage de son expérience inspirante, nous te souhaitons le meilleur pour les Championnats du Monde !✨
💡 Ses sponsors :
Creativ’Tapis officiel ; Horse&Travel ; Hoeveler ; Wahlister ; Technibelt ; Nutragile ; Duralock ; Cheval Liberté ; Sograp ; Laurette Reboutologie ; Toni Chartier.